DIRECTIVE CLINIQUE DE LA SOGC DIRECTIVE CLINIQUE DE LA SOGC Prise en charge conservatrice de l’incontinence urinaire Résultats : Des recherches ont été menées dans la Cochrane Library La présente directive clinique a été examinée et approuvée par le
et Medline afin d’y trouver les articles, publiés entre 1966 et 2005,
comité exécutif et le Conseil de la Société des obstétriciens et
traitant de la prise en charge conservatrice de l’incontinence. Les
exposés de synthèse ont été évalués. AUTEURS PRINCIPAUX Valeurs : La qualité des résultats a été évaluée et les
recommandations ont été établies au moyen des critères décrits
par le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs. Avantages, désavantages et coûts : Les résultats qui sous-tendent COMITÉ SUR L’UROGYNÉCOLOGIE
les options de prise en charge conservatrice de l’incontinence
Scott A. Farrell (président), MD, FRCSC, Halifax (N.-É.)
urinaire sont solides. Ces options peuvent être recommandées àtitre d’interventions primaires ne présentant que des désavantages
William Andrew Easton, MD, FRCSC, Scarborough (Ont.)
minimaux ou même inexistants pour les femmes.
Annette Epp, MD, FRCSC, Saskatoon (Sask.)
Recommandations :
Lise Girouard, inf. aut., Winnipeg (Man.)
1. La mise en œuvre d’exercices de rééducation du plancher pelvien
Chandra Gupta, MD, FRCSC, Winnipeg (Man.)
(Kegel) devrait être recommandée pour les femmes qui présententune incontinence à l’effort. (I-A)
François Lajoie, MD, FRCSC, Sherbrooke (Québec)
2. L’exécution en bonne et due forme des exercices Kegel devrait être
Danny Lovatsis, MD, FRCSC, Toronto (Ont.)
confirmée par examen vaginal digital ou par rétroaction
Barry MacMillan, MD, FRCSC, London (Ont.)
3. Un suivi devrait être mis en œuvre pour les femmes qui ont recours
à la rééducation du plancher pelvien, puisque les taux de guérisonsont faibles et que d’autres traitements peuvent s’avérer
Joyce Schachter, MD, FRCSC, Ottawa (Ont.)
4. Dans le cas du syndrome de la vessie hyperactive (VHA), les
David H. L. Wilkie, MD, FRCSC, Vancouver (C.-B.)
exercices Kegel peuvent être offerts à titre de traitement d’appoints’ajoutant à d’autres traitements, mais ils ne doivent pas constituerle seul traitement offert en vue de contrer les symptômes encause. (I-B)
Résumé
5. Bien que l’électrostimulation fonctionnelle (ÉSF) n’ait pas été
Objectif : Décrire les résultats qui sous-tendent les options de prise
étudiée à titre de modalité indépendante, elle peut être utilisée à
en charge conservatrice de l’incontinence urinaire.
titre de traitement d’appoint accompagnant la rééducation du
Options : Parmi les options de prise en charge conservatrice de
plancher pelvien, particulièrement chez les patientes qui ont de la
l’incontinence urinaire, on trouve les modifications
difficulté à identifier et à contracter les muscles pelviens. (III-C)
comportementales, la modification du mode de vie, la rééducation
6. L’ÉSF devrait être offerte à titre d’option efficace pour la prise en
du plancher pelvien et le recours à des dispositifs mécaniques. Issues : Permettre la compréhension des résultats actuellement
7. Le recours aux cônes vaginaux peut être recommandé en tant que
disponibles en ce qui concerne l’efficacité des solutions de
forme de rééducation du plancher pelvien pour les femmes qui
rechange conservatrices visant la prise en charge de
présentent une incontinence à l’effort. (I-A)
l’incontinence urinaire; habiliter les femmes à choisir des
8. Les pessaires de continence devraient être offerts aux femmes à
traitements contre l’incontinence comptant des avantages et ne
titre de modalité de traitement efficace et n’entraînant que de
présentant que des désavantages minimaux ou même inexistants.
faibles risques contre tant l’incontinence à l’effort quel’incontinence mixte. (II-B)
Mots clés : Urinary incontinence, stress incontinence, overactive
bladder, urge incontinence, conservative management
Les directives cliniques font état des percées récentes et des progrès cliniques et scientifiques à la date de publication de celles-ci et peuvent faire l’objet de modifications. Il ne faut pas interpréter l’information qui y figure comme l’imposition d’un mode de traitement exclusif à suivre. Un établissement hospitalier est libre de dicter des modifications à apporter à ces opinions. En l’occurrence, il faut qu’il y ait documentation à l’appui de cet établissement. Aucune partie de ce document ne peut être reproduite sans une permission écrite de la SOGC.
DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2006 l 1119 DIRECTIVE CLINIQUE DE LA SOGC Critères d’évaluation des résultats et de classification des recommandations, fondés sur ceux du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs
Niveaux de résultats*
Résultats obtenus dans le cadre d’au moins un essai
A. On dispose de données suffisantes pour appuyer la
comparatif convenablement randomisé.
II-1 : Résultats obtenus dans le cadre d’essais comparatifs non
B. On dispose de données acceptables pour appuyer la
II-2 : Résultats obtenus dans le cadre d’études de cohortes
C. Les données existantes sont contradictoires et ne
(prospectives ou rétrospectives) ou d’études analytiques
permettent pas de formuler une recommandation pour ou
cas-témoins bien conçues, réalisées de préférence dans
contre l’usage de la mesure clinique de prévention;
plus d’un centre ou par plus d’un groupe de recherche.
cependant, d’autres facteurs peuvent influer sur la prise dedécision.
II-3 : Résultats découlant de comparaisons entre différents
moments ou différents lieux, ou selon qu’on a ou non
D. On dispose de données acceptables pour déconseiller la
recours à une intervention. Des résultats de première
importance obtenus dans le cadre d’études non
E. On dispose de données suffisantes pour déconseiller la
comparatives (par exemple, les résultats du traitement à
la pénicilline, dans les années 1940) pourraient en outrefigurer dans cette catégorie.
Les données sont insuffisantes (d’un point de vue
III : Opinions exprimées par des sommités dans le domaine,
qantitatif ou qualitatif) et ne permettent pas de formuler une
fondées sur l’expérience clinique, études descriptives ou
recommandation; cependant, d’autres facteurs peuvent
*La qualité des résultats signalés dans les présentes directives cliniques a été établie conformément aux critères d ’évaluation des résultatsprésentés dans le Rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs.13
† Les recommandations que comprennent les présentes directives cliniques ont été classées conformément à la méthode de classification décritedans le Rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs.13
9. La rééducation vésicale (exercices vésicaux) devrait être
directive clinique de consensus s’efforcera d’examiner les
recommandée pour les symptômes associés à la VHA, puisqu’ellene s’accompagne d’aucun effet indésirable, (III-C) et qu’elle
interventions présentement disponibles.
s’avère aussi efficace que la pharmacothérapie. (I-B)
La qualité des résultats signalés dans la présente directive
10. Les protocoles de prise en charge comportementale qui font appel
clinique a été décrite au moyen des critères d’évaluation des
à des modifications du mode de vie, conjointement avec la miseen œuvre d’une rééducation vésicale et d’exercices des muscles
pelviens, s’avèrent grandement efficaces et devraient être utilisésdans la prise en charge de l’incontinence urinaire. (I-A)
rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé
J Obstet Gynaecol Can, vol. 28, n° 12, 2006, p. 1119–1125
RÉÉDUCATION DU PLANCHER PELVIEN INTRODUCTION
L’incontinence à l’effort et la miction impérieuse Méthodes
constituent les types les plus courants d’incontinence
Les programmes de réadaptation du plancher pelvien visent
urinaire (miction involontaire). L’incontinence à l’effort est
à renforcer la musculature de ce dernier. Cette musculature
la fuite involontaire d’urine au cours de l’effort ou associée à
est composée du groupe des muscles releveurs de l’anus, du
l’éternuement ou à la toux. La miction impérieuse, ou syn-
sphincter anal externe et du sphincter strié de l’urètre. Les
drome de la vessie hyperactive (VHA), engendre une con-
programmes de réadaptation peuvent comprendre de
stellation de symptômes, dont la pollakiurie, l’impériosité et
simples renseignements oraux ou écrits, des exerciceseffectués par rétroaction biologique, des contractions des
la fuite immédiatement précédée d’une impériosité1. Le taux
d’incontinence urinaire chez les femmes adultes se situe
fonctionnelle (ÉSF), des exercices de réapprentissage
entre 20 % et 50 %2. Cette situation exerce un effet
moteur ou quelque combinaison que ce soit des éléments
significatif sur leur qualité de vie3–5.
susmentionnés. La réussite est tributaire de la mise en
œuvre d’un programme continu et régulier d’exercices
pharmacothérapeutiques, leurs rapports risques-avantages
effectués à la maison visant à éviter le déconditionnement14.
ne sont pas toujours acceptables aux yeux des femmes6,7. Le
Puisque bon nombre de modalités d’enseignement, de
durées de traitement et de critères d’évaluation différents
habituellement recommandé à titre d’intervention initiale,
ont été utilisés, il est difficile de procéder à la comparaison
en raison des risques minimaux mis en jeu8–12. La présente
des résultats d’essai15. Cependant, la rééducation du
1120 l DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2006
Prise en charge conservatrice de l’incontinence urinaire
plancher pelvien devrait respecter les mêmes principes que
étaient d’environ 21 % (9 %–36 %) et les taux
ceux qui s’appliquent à l’entraînement de tout muscle strié.
d’amélioration significative subjective à court terme, de
Les instructions écrites et orales ne sont pas adéquates,
69 % (55 %–85 %)18. Après deux ans, moins de 50 % des
puisque environ 30 % des femmes sont incapables de
femmes avaient continué à faire régulièrement de
contracter leur plancher pelvien à volonté et que, chez 25 %
l’exercice16. Cela a mené à un taux de guérison à deux ans de
des femmes, l’effort facilite en fait l’incontinence16.
8 % (0–9%) et à un taux d’amélioration significative de 40 %(20 %–42 %). Après 15 ans, 28 % des femmes faisaient de
Exemples de programme d’entraînement
l’exercice de façon hebdomadaire et 36 %, de façon
1. Instructions écrites : Ces instructions comprendront
périodique; pourtant, seulement 46 % des participantes
habituellement une explication de la pathophysiologie de
avaient eu recours à la chirurgie. Les femmes qui avaient été
l’incontinence urinaire, une description de l’anatomie
satisfaites à la suite du traitement, 15 ans auparavant, étaient
pertinente du plancher pelvien et un programme
2. Exercices par rétroaction biologique : Les dispositifs derétroaction biologique, tels que les cônes et les ballonnets
vaginaux, offrent une rétroaction tactile ou visuelle
s’accompagne souvent d’un recours à la rétroaction
(affichage numérique) afin de faciliter l’identification et la
biologique et à la modification comportementale. Bien que
sollicitation des muscles appropriés.
des essais randomisés n’aient pas démontré que l’ajoutd’une rétroaction biologique constituait un avantage, cet
3. Électrostimulation fonctionnelle : Ces dispositifs
ajout est néanmoins souvent recommandé. On estime
génèrent un courant électrique de faible intensité qui
qu’une rétroaction auditive ou visuelle directe entraîne une
entraîne la contraction des muscles pelviens, simulant ainsi
amélioration tant de la sensibilisation au plancher pelvien
une contraction pelvienne volontaire.
que de la motivation de la patiente15. Effet sur l’incontinence à l’effort
Les exercices de réapprentissage moteur (« tour de main »)
La rééducation du plancher pelvien a été recommandée aux
mettent en jeu la contraction du plancher pelvien à
fins de la prise en charge conservatrice de l’incontinence à
l’occasion de situations problématiques (p. ex. toux,
l’effort, du syndrome de la VHA et de l’incontinence mixte.
éternuement, saut et action de soulever qqch.). Le « tour de
On estime que la contraction des muscles du plancher
main » peut réduire les épisodes de fuite au cours de la toux
pelvien presse l’urètre contre la symphyse, ce qui permet
selon une proportion de 73 % à 98 %15,19; son apprentissage
d’augmenter la transmission de pression sur l’urètre pen-
devrait donc être ajouté à un programme de réadaptation15.
dant un accès de toux, en plus d’entraîner directement unehausse de la pression intra-urétrale17. Bien que ces effets seproduisent par réflexe lorsque les muscles du plancher
Effet sur le syndrome de la vessie hyperactive
pelvien sont renforcés par des exercices réguliers, le résultatpeut être amélioré davantage en faisant coïncider la
La façon dont la contraction de la musculature pelvienne
contraction et la hausse de la pression intra-abdominale
peut en venir à inhiber les contractions du détrusor
(occasionnée par un accès de toux, un saut, etc.). La force et
demeure trouble. Il est possible que la contraction des mus-
la coordination sont toutes deux des facteurs importants
cles pelviens cause une inhibition réflexe du muscle
pour prendre le « tour de main » nécessaire à la mise en
détrusor20. Cette contraction peut engendrer des avantages
même lorsque la contraction de la vessie n’est pasentièrement inhibée, puisque la pression urétrale s’en
Bien que la rééducation des muscles du plancher pelvien
trouvera accrue, ce qui entraînera la hausse de la résistance
semble être plus efficace que le fait de n’avoir recours à
aucun traitement contre l’incontinence à l’effort et mixte,très peu d’études randomisées se sont affairées à comparer
Nous ne disposons pas de données suffisantes pour
la rééducation musculaire à d’autres modalités de
recommander le recours à la rééducation du plancher
traitement. Nous manquons également d’études à long
pelvien dans le cas du syndrome de la VHA15. Il n’existe que
terme. Il s’avère donc impossible de déterminer si la
peu d’essais comparatifs randomisés et chacun d’entre eux a
rééducation musculaire est plus efficace que d’autres
fait appel à des modalités de traitement différentes. Peu de
données indiquent que la rééducation du plancher pelvien
Dans le cadre d’une analyse, les taux de guérison subjective
pourrait s’avérer bénéfique et équivalente à la prise en
à court terme, en ce qui concerne l’incontinence à l’effort,
DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2006 l 1121 DIRECTIVE CLINIQUE DE LA SOGC Recommandations Recommandations
1. La mise en œuvre d’exercices de rééducation du plancher
5. Bien que l’ÉSF n’ait pas été étudiée à titre de modalité
pelvien (Kegel) devrait être recommandée pour les
indépendante, elle peut être utilisée à titre de traitement
femmes qui présentent une incontinence à l’effort. (I-A)
d’appoint accompagnant la rééducation du plancher
2. L’exécution en bonne et due forme des exercices Kegel
pelvien, particulièrement chez les patientes qui ont de la
devrait être confirmée par examen vaginal digital ou par
difficulté à identifier et à contracter les muscles
3. Un suivi devrait être mis en œuvre pour les femmes qui
6. L’ÉSF devrait être offerte à titre d’option efficace pour la
ont recours à la rééducation du plancher pelvien, puisque
les taux de guérison sont faibles et que d’autrestraitements peuvent s’avérer indiqués. (III-C)
CÔNES VAGINAUX
4. Dans le cas du syndrome de la VHA, les exercices Kegel
peuvent être offerts à titre de traitement d’appoint
Méthodes
s’ajoutant à d’autres traitements, mais ils ne doivent pasconstituer le seul traitement offert en vue de contrer les
En réponse aux forts taux d’abandon que compte la
rééducation du plancher pelvien, les cônes vaginaux ont étéélaborés afin de faciliter l’exécution des contractions du
ÉLECTROSTIMULATION FONCTIONNELLE
plancher pelvien. Les cônes sont placés dans le vaginau-dessus du niveau de la musculature du plancher pelvien. Méthodes
La contraction de ces muscles est requise pour empêcher lecône de glisser hors du vagin. Un programme prévoyant
L’électrostimulation fonctionnelle (ÉSF) consiste en
une séance d’exercice de 15 minutes, deux fois par jour, est
l’application d’une stimulation électrique au nerf honteux.
habituellement recommandé. Les cônes vaginaux sont
Les deux effets constatés dans le cadre de ce traitement sont
offerts en poids différents; la patiente s’insère des cônes de
tributaires des fréquences utilisées : une contraction passive
poids de plus en plus élevés, au fur et à mesure de
des muscles du plancher pelvien ou une inhibition réflexe
l’évolution de sa capacité à les maintenir dans le vagin.
des contractions de la vessie18. Ce traitement a pour
Parmi les avantages d’avoir recours à des cônes à titre de
avantage de ne pas nécessiter un effort volontaire de la part
moyen de tonifier les muscles pelviens, on trouve la facilité
de la patiente; toutefois, il a pour désavantage le fait que les
d’utilisation, une courbe d’apprentissage douce et le fait de
contractions musculaires passives sont plus faibles que les
n’avoir à consacrer que très peu de temps chaque jour aux
exercices, ces avantages pouvant tous mener à accroîtrel’observance. Effet sur l’incontinence à l’effort
En raison de la diversité des protocoles étudiés, les résultatsconcernant le rôle de l’ÉSF sont peu satisfaisants15. La mise
Effet sur l’incontinence à l’effort
en œuvre de ce traitement est recommandée à titre de
Les cônes semblent être efficaces. Bien que le risque de
modalité d’enseignement efficace en présence d’une mus-
présenter une incontinence à l’effort après avoir eu recours
culature pelvienne très faible, puisque les muscles en cause
à des cônes vaginaux soit moins élevé qu’en l’absence de
peuvent s’en trouver revigorés21. Dans le cadre d’une étude
traitement (risque relatif [RR] 0,74; intervalle de confiance
prospective randomisée comparant l’ÉSF aux exercices
[IC] à 95 %, 0,59–0,93), aucune différence n’est constatée
pelviens pour la prise en charge de l’incontinence à l’effort,
lorsque l’on compare le recours aux cônes à la rééducation
ces modalités de traitement ont toutes deux entraîné une
des muscles du plancher pelvien ou à l’électrostimulation22.
diminution significative des symptômes22.
Le recours concomitant aux cônes et à la rééducation desmuscles du plancher pelvien ou à l’électrostimulation ne
Effet sur le syndrome de la vessie hyperactive
semble pas plus avantageux que le seul recours aux cônes23.
L’ÉSF a le plus souvent été utilisée dans la prise en charge
Ces résultats sont limités par l’hétérogénéité des essais.
du syndrome de la VHA. Le suivi mené un an à la suite du
traitement indique des taux de guérison de 30 %
approximativement 25 % des utilisatrices (0 %–63 %), ce
(22 %–33 %) et des taux d’amélioration de 72 %
qui est comparable aux taux d’abandon propres à
l’électrostimulation et à la rééducation du plancher pelvien. 1122 l DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2006
Prise en charge conservatrice de l’incontinence urinaire
Recommandation Recommandations
7. Le recours aux cônes vaginaux peut être recommandé en
8. Les pessaires de continence devraient être offerts aux
tant que forme de rééducation du plancher pelvien pour
femmes à titre de modalité de traitement efficace et
les femmes qui présentent une incontinence à l’effort. (I-A)
l’incontinence à l’effort que l’incontinence mixte. (II-B)
DISPOSITIFS MÉCANIQUES VISANT À CONTRER L’INCONTINENCE URINAIRE RÉÉDUCATION VÉSICALE Méthodes Méthodes
Les pessaires sont utilisés depuis la nuit des temps pour la
La rééducation vésicale est également connue sous le nom
prise en charge du prolapsus des organes pelviens24. Plus
d’exercices vésicaux. Elle active l’inhibition corticale du
récemment, des pessaires conçus tout particulièrement
centre réflexe sacré de la miction29. La rééducation vésicale
pour la prise en charge de l’incontinence urinaire à l’effort
vise à accroître l’intervalle mictionnel et à amenuiser
ont été élaborés. Ces pessaires permettent de soutenir
l’impériosité et l’incontinence qui à celle-ci est associée. Elle
l’urètre de façon mécanique. Les bouchons urétraux sont
est utilisée chez les patientes qui présentent des symptômes
des dispositifs placés à l’intérieur de l’urètre. Tous les
dispositifs mécaniques sont traditionnellement utilisés pour
l’incontinence par impériosité et la nycturie. La rééducation
contrer l’incontinence à l’effort et non les symptômes
compte habituellement trois composantes : sensibilisation
de la patiente, miction à heures fixes et renforcementpositif29. La gestion des liquides, un journal des mictions etla suppression de l’impériosité y sont souvent ajoutés. Effet sur l’incontinence à l’effort : Pessaires
L’effet du traitement n’est pas tant tributaire des techniques
Aucun essai randomisé ne s’est penché sur l’efficacité des
comportementales utilisées que du fait d’offrir toutes les
pessaires. Trois études examinant l’effet des pessaires de
composantes de façon concomitante29.
continence ont été publiées25–27. Les études rétrospectivesmenées par Donnelly et Farrell ont indiqué que plus de
Effet sur le syndrome de la vessie hyperactive
50 % des femmes, présentant une incontinence à l’effort
Une analyse Cochrane de la rééducation vésicale visant
pure ou une incontinence mixte, qui ont été traitées au
l’incontinence urinaire chez les adultes30 a recensé cinq
moyen de pessaires étaient satisfaites des résultats et ont
essais, totalisant 457 participantes, qui évaluaient l’effet de
poursuivi leur utilisation de pessaires pendant une période
la rééducation vésicale sur l’incontinence urinaire chez la
allant jusqu’à 11 mois25,27. Ces auteurs ont eu recours, dans
femme31–35. Deux études comparant la rééducation vésicale
la plupart des cas, au pessaire en forme d’anneau et au
à l’absence de traitement n’ont constaté aucune différence
pessaire en forme d’anneau « avec support et bouton » (sup-
significative sur le plan statistique quant aux effets31,32. port and knob). Robert, qui a eu recours au pessaire en forme
Deux études comparant la rééducation vésicale à la
de cuvette et au pessaire en forme d’anneau, a constaté un
pharmacothérapie ont constaté que la rééducation vésicale
taux de guérison de 24 % dans le cadre d’une étude de
entraînait des taux accrus de guérison perçue chez les
cohorte prospective (chez des sujets retenus au début de
participantes33,34. L’utilisation d’anticholinergiques entraîne
l’essai clinique) d’une durée d’un an26. Chez les patientes
un taux d’effets indésirables de 50 %30. Un essai n’a constaté
présentant des antécédents de chirurgie pelvienne, les taux
aucune différence entre la rééducation vésicale et la
de réussite des pessaires connaissaient une baisse. Les com-
rééducation des muscles pelviens s’accompagnant d’une
plications associées aux pessaires étaient minimales.
rétroaction biologique35. Deux essais randomisés publiésrécemment ont démontré l’efficacité de la rééducation
Effet sur l’incontinence à l’effort : Bouchons
vésicale chez les femmes10,11. Dougherty et coll. ont
urétraux
comparé le programme « behavioural management for continence
Les quelques études s’étant penchées sur l’efficacité des
(BMC) » (un protocole séquentiel en trois étapes :
bouchons urétraux indiquent un taux de réussite médian de
autosurveillance, rééducation vésicale et exercices des mus-
43 %28; cependant, tout enthousiasme envers ce dispositif
se doit d’être atténué par la constatation du fait que les
autosurveillance, on entendait la diminution de l’apport en
utilisatrices connaissent un taux d’infection urinaire de
caféine, la modification des quantités de l’apport en liquides
30 %. Aucune étude n’a récemment été publiée, ce qui
et des heures auxquelles cet apport s’effectue, la diminution
pourrait indiquer une baisse de l’engouement envers les
des intervalles excessivement longs entre les mictions et le
fait d’adopter des changements alimentaires visant à
DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2006 l 1123 DIRECTIVE CLINIQUE DE LA SOGC
promouvoir la régularité intestinale. À la suite de
• Combinaisons de modification du mode de vie,
l’autosurveillance, les participantes sont passées à la
d’exercices vésicaux et de rééducation des muscles
rééducation vésicale et, au besoin, aux exercices des muscles
pelviens s’accompagnant d’une rétroaction biologique. Àdeux ans, le groupe BMC présentait une diminution de la
CONCLUSION
gravité de son incontinence urinaire de l’ordre de 61 %,
La mise en pratique de la prise en charge conservatrice de
tandis que dans le cas du groupe témoin, cette gravité avait
l’incontinence urinaire est très répandue et devrait être
connu une hausse de l’ordre de 184 %. Subak et coll. ont
encouragée. Toutes les modalités semblent être plus
affecté au hasard des femmes à un groupe soumis à six
efficaces que l’absence de traitement. Contrairement à la
semaines de rééducation vésicale ou à un groupe n’étant
prise en charge chirurgicale de l’incontinence urinaire,
soumis à aucun traitement; ils ont constaté que le groupe
laquelle s’accompagne d’un risque considérable de compli-
cations et d’issues à long terme médiocres, la prise en charge
hebdomadaire moyen d’épisodes d’incontinence de l’ordre
conservatrice est associée à des issues indésirables
de 40 %11. Malgré de telles améliorations, il est probable que
minimales. Pour un nombre significatif de patientes, les
seul un faible nombre de patientes seront complètement
résultats de la prise en charge conservatrice sont
guéries de leurs symptômes vésicaux36.
satisfaisants et peuvent rendre superflu le recours à des
Recommandations
interventions médicales ou chirurgicales.
9. La rééducation vésicale (exercices vésicaux) devrait être
RÉFÉRENCES
recommandée pour les symptômes associés à la VHA,puisqu’elle ne s’accompagne d’aucun effet indésirable,
1. Abrams P, Cordozol L, Fall M, Griffiths D, Rossier P, Ulmsten U et coll.
« The standardization of terminology of lower urinary tract function: report
(III-C) et qu’elle s’avère aussi efficace que la
from the Standardization Subcommittee of the International Continence
Society », Neurourol Urodyn, vol. 21, 2002, p. 167–78.
10. Les protocoles de prise en charge comportementale qui
2. Bump RC, Norton PA. « Epidemiology and natural history of pelvic floor
dysfunction », Obstet Gynecol Clin North Am, vol. 25, 1998, p. 723–46.
font appel à des modifications du mode de vie,
3. Wyman J F. « The ‘costs’ of urinary incontinence », Eur Urol, vol. 32, n° s2,
conjointement avec la mise en œuvre d’une rééducation
vésicale et d’exercices des muscles pelviens, s’avèrent
4. Grimby A, Milsom I, Molander U, Wiklund I, Ekelund P. « The influence
grandement efficaces et devraient être utilisés dans la
of urinary incontinence on the quality of life of elderly women », Age Ageing,
prise en charge de l’incontinence urinaire. (I-A)
5. Temml C, Haidinger G, Schmidbauer J, Schatzl G, Madersbacher S.
« Urinary incontinence in both sexes: prevalence rates and impact on quality
Résumé des options de prise en charge
of life and sexual life », Neurourol Urodyn, vol. 19, 2000, p. 259–71. conservatrice de l’incontinence
6. Black N, Griffiths J, Pope C, Bowling A, Abel P. « Impact of surgery for
Incontinence à l’effort
stress incontinence on morbidity: cohort study », BMJ, vol. 315, 1997,p. 1493–8.
• La rééducation du plancher pelvien mettant l’accent sur
7. Diokno A, Yuhico M Jr. « Preference, compliance and initial outcome of
le « tour de main » grâce au recours :
therapeutic options chosen by female patients with urinary incontinence »,
• à des instructions verbales ou écrites pour les
J Urol, vol. 154, 1995, p. 1727–30.
patientes qui sont en mesure de contracter leur
8. Burgio KL. « Behavioral treatment options for urinary incontinence »,
Gastroenterology, vol. 126 (suppl. 1), 2004, p. S82–9.
• à la rétroaction biologique manuelle, auditive ou
9. Karram MM, Partoll L, Rahe J. « Efficacy of nonsurgical therapy for urinary
incontinence », J Reprod Med, vol. 41, 1996, p. 215–9.
10. Dougherty MC, Dwyer JW, Pendergast JF, Boyington AR, Tomlinson BU,
• à l’électrostimulation fonctionnelle pour les patientes
Coward RT et coll. « A randomized trial of behavioral management for
qui ne sont pas en mesure de contracter leurs
continence with older rural women », Res Nurs Health, vol. 25, 2002, p. 3–13.
11. Subak LL, Quesenberry CP Jr, Posner SF, Cattolica E, Soghikian K. « The
effect of behavioral therapy on urinary incontinence: a randomized
controlled trial », Obstet Gynecol, vol. 100, 2002, p. 72–8.
12. Diokno AC, Sampselle CM, Herzog AR, Raghunathan TE, Hines S,
Vessie hyperactive
Messer KL et coll. « Prevention of urinary incontinence by behavioral
• Rééducation du plancher pelvien (contraction du
modification program: a randomized, controlled trial among older women
plancher pelvien en présence de symptômes
in the community », J Urol, vol. 171, 2004, p. 1165–71.
13. Woolf SH, Battista RN, Angerson GM, Logan AG, Eel W.
Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs. « New grades for
recommendations from the Canadian Task Force on Preventive Health
• Rééducation vésicale (exercices vésicaux)
Care », CMAJ, vol. 169, n° 3, 2003, p. 207-8
1124 l DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2006
Prise en charge conservatrice de l’incontinence urinaire
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DECEMBER JOGC DÉCEMBRE 2006 l 1125
A recent jury trial verdict may have created supply issues for the generic fixed-dosed combination of trandolapril/verapamil hydrochloride ER. In order to help prevent disruption in therapy, Abbott wants to make you aware that their branded TARKA (trandolapril/verapamil hydrochloride ER) is available with no supply issues in all four dosage strengths. How this change affects patients
HIGHS AND LOWS Print this article Next time you drink up or if you’re crazy enough to spliff up or shoot up, be prepared for some unwelcome bodily changes. And we’re not talking constipation, freaky hallucinations, or the midnight munchies here. Evidence is mounting that certain illicit drugs like heroin, alcohol and marijuana subvert the body’s natural defence mechanisms, opening